Pneumologue de formation et véritable pionnier de l’addictologie française, le docteur William Lowenstein s’intéresse dès le début des années 80 au problème du sida chez les héroïnomanes et publie les premiers articles français sur le sujet. En 1994, il fonde un centre médical consacré aux addictions, avant de créer en 2001 la clinique Montevideo, premier établissement privé spécialisé dans la recherche et le traitement en matière d’addictologie. C’est donc tout à fait logiquement que nous avons demandé son avis sur le CBD à ce véritable chantre de la discipline.

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CBDACTU : Quel est votre point de vue sur le cannabis en général, sa légalisation et son utilisation thérapeutique ?
William Lowenstein : Je suis favorable à une légalisation encadrée, régulée et évaluée avec un moratoire sur une période significative, par exemple cinq ans, parce que je ne vois rien de mieux à proposer. La prohibition du cannabis est un échec, puisqu’elle n’a protégé ni l’individu, ni la société et a même rajouté un problème de sécurité au problème de santé publique naturellement attendu avec une plante aux effets psychoactifs, en permettant aux filières illégales de s’enrichir toujours plus.
CBDACTU : Le cannabis constitue-t-il un réel problème en matière d’addictologie ?
William Lowenstein : La réponse est oui, absolument, surtout en cas d’abus et d’usage intensif précoce, à un âge où l’organisme est toujours en formation.
CBDACTU : Quel est votre regard de professionnel sur le cannabidiol et comment avez-vous accueilli l’arrivée de cette nouvelle molécule ?
William Lowenstein :De manière plutôt favorable, cette molécule jouissant d’un potentiel thérapeutique très intéressant. D’autre part, il y a avec le CBD une absence totale de dépendance, même s’il faut, comme toujours, rester dans des quantités raisonnables, puisque des troubles mineurs, par exemple de vigilance peuvent intervenir à des doses élevées.
CBDACTU: Où en est la science avec le CBD et ses effets en termes d’études ? Quelles sont ses éventuelles vertus thérapeutiques et l’intérêt de la pharmacologie pour cette molécule ?
William Lowenstein : Soyons clairs, le sujet souffre d’un manque réel d’études permettant de confirmer – ou d’infirmer – son potentiel et ses vertus thérapeutiques. Les études dont nous disposons aujourd’hui témoignent presque toutes d’un niveau de preuves faible à modéré et c’est d’ailleurs pour cela que le CBD ne peut pas encore être proposé comme médicament. Cette molécule peut d’ailleurs interagir avec beaucoup de médicaments, puisqu’au moins 67 sont concernés, d’après une étude parue voilà quelques mois. Donc, le CBD peut prendre une place importante, mais qu’il faut vraiment confirmer par des recherches approfondies, car si son efficacité est pour l’instant faible à modérée, cela augmente à chaque nouvelle étude. Lorsque l’on sera parvenu à mesurer précisément l’importance de son potentiel médical et que son usage aura été approuvé, il faudra évidemment garantir la traçabilité et la qualité des produits.
CBDACTU : Que pensez-vous des études récentes qui mettent en avant l’efficacité du CBD dans le traitement de certaines addictions ?
William Lowenstein : Comme je viens de le dire, le potentiel est prometteur, mais le faible niveau de preuves ne permet pas de conclusions définitives. A priori, le CBD compte parmi les différentes molécules qui peuvent enrichir la thérapeutique dans beaucoup de domaines et là où il pourrait même être révolutionnaire, c’est pour se substituer à des médicaments eux-mêmes addictogènes comme les anti-dépresseurs, qui créent une dépendance dont il est très difficile de sortir. Il faut savoir que de faibles doses de CBD font à peu près le même effet que six mois d’anti-dépresseurs classiques. D’autre part, on sait déjà à travers différentes observations de terrain que le cannabidiol est efficace comme miorelaxant, anti-épileptique, anti-inflammatoire, anti-douleur ou anti-nauséeux.
CBDACTU : Sous quelle forme le CBD est-il le plus efficace, d’après votre expérience ?
William Lowenstein : En gouttes sublinguales et, hélas, fumé, ce qui est très délétère. Il est donc nécessaire de proscrire cette seconde voie d’administration et de promouvoir plutôt un vapotage sûr et bien dosé. L’inhalation est également une excellente voie d’administration.
CBDACTU : Le gouvernement s’apprête à rendre un décret interdisant clairement la vente de fleurs de chanvre CBD et leur exploitation, ce qui entraînerait un sérieux préjudice pour cette industrie en plein essor. Comment expliquez-vous l’opposition radicale du gouvernement au cannabidiol, malgré son innocuité qui semble aujourd’hui établie ?
William Lowenstein : Ce sont des craintes anciennes et récurrentes, liées au cannabis et aux dangers du THC. Et puis il y a aussi probablement la volonté de ménager une frange de la population hostile au cannabis et à ses dérivés, à quelques mois des élections présidentielles…
CBDACTU : Peut-on établir un portrait-type du consommateur de CBD ?
William Lowenstein : Non, pas vraiment, car le profil des consommateurs est très hétéroclite et cela concerne toutes les couches de la population. Pour vous donner un exemple, le dernier patient en date qui m’a rapporté les bienfaits du CBD en gouttes sur la qualité de son sommeil est un homme de 74 ans et qui plus est, ouvertement royaliste !
CBDACTU : Quel est l’avenir du CBD en matière thérapeutique et pour quel usage ?
William Lowenstein : En France ou en Europe ? Désolé pour cette question, c’était une boutade… Pour ce qui concerne l’Europe donc, le CBD est déjà utilisé pour traiter les troubles du sommeil et l’anxiété, notamment. Dans l’attente de résultats positifs, il devrait également être efficace pour des affections neuropsychiatriques comme certaines psychoses ou le TDAH (Trouble Déficit de l’Attention/Hyperactivité) et en addictologie comme médicament de substitution dans le cas d’une cannabido-dépendance.
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