Vétérinaire, écrivain, animateur télé, spécialiste en comportement du chien et du chat… Thierry Bedossa est, à n’en pas douter, une sommité de la médecine vétérinaire, le Professeur Raoult du soin animalier. Il est aussi un des premiers de sa corporation à utiliser le CBD sur ses patients à quatre pattes. Cela fait beaucoup de bonnes raisons pour aller consulter…
Comment et en quelle occasion, vous êtes-vous intéressé au CBD pour animaux ?
Je me suis intéressé au sujet dès la parution des premières publications aux États-Unis. Les propriétés du CBD, qui est un cannabinoïde, y sont étudiées depuis les années 80 et le nombre de publications s’est considérablement accru ces dernières années.
Les données mises en évidence chez l’homme ont été extrapolées chez les animaux et des études spécifiques à la médecine vétérinaire sont à leur tour apparues. Je les ai suivies avec intérêt et ai commencé à inscrire cette molécule dans mon arsenal thérapeutique.
« J’utilise des produits au CBD dans ma pratique depuis plusieurs années, avec des résultats positifs »
Depuis quand l’utilisez-vous comme traitement ?
J’utilise des produits au CBD dans ma pratique depuis quelques années, avec des résultats positifs.
Il ne s’agit pas à proprement parler d’un traitement car aucun produit au CBD commercialisé en France n’est à ce jour considéré comme un médicament. Ce sont des compléments alimentaires dont les indications concernent la lutte contre l’anxiété, les phénomènes douloureux, certaines affections nerveuses comme l’épilepsie…
Comment le CBD agit-il sur les animaux ?
De nombreux travaux ont été réalisés en recherche pharmacologique sur les cannabinoïdes pour éclairer leurs mécanismes d’action au niveau du système nerveux central.
Ces derniers sont générés par ce qu’on nomme le système endocannabinoïde endogène, présent chez tous les vertébrés et de nombreux invertébrés et qui joue un rôle majeur dans l’homéostasie.
Deux types de récepteurs cannabinoïdes, exprimés sur les membranes cellulaires et dans les mitochondries, ont ainsi été caractérisés. Le CBD se fixe sur un de ces récepteurs et c’est cette liaison qui est à l’origine de ses propriétés.
La réponse de l’animal à un produit contenant du CBD est extrêmement variable. Cette composante « individu-dépendant » implique de raisonner la prescription de CBD au cas par cas et d’adapter le traitement en fonction de la réponse de l’animal.
Le CBD à large spectre peut-il être utilisé sur les animaux ?
Pour les animaux, on ne peut pas considérer de CBD à large spectre ou à spectre étroit. Il s’agit toujours de la même molécule mais qui est proposée en différentes concentrations. Plus la concentration est élevée, plus les effets attendus seront marqués.
Les animaux seraient plus réceptifs au CBD que les humains. Vous confirmez ?
A ma connaissance, aucune étude ne démontre cela. Il semble par contre qu’ils soient plus sensibles au cannabis (ou chanvre), la plante de laquelle est issu le CBD et qui contient aussi une molécule psychotrope, le THC, toxique chez l’animal.
« La médecine vétérinaire du comportement a tout intérêt à s’informer sur le CBD et à l’utiliser »
Tous les animaux sont-ils concernés par le CBD (chevaux, oiseaux, faune sauvage, poissons…), ou bien certains, dans certaines tranches d’âge, pour certaines pathologies ?…
Personnellement, je ne l’utilise que chez les chiens et les chats qui sont les espèces que je soigne dans ma clinique.
Deux principaux champs d’application ont émergé ces dernières années : la lutte contre la douleur chronique, notamment arthrosique, et l’aide à la prise en charge de certains comportements gênants via l’impact globalement positif du CBD sur le système nerveux.
Epilepsie et troubles anxieux sont deux indications principales du CBD en neurologie.
Quels modes d’administration utilisez-vous ?
Chez les animaux, l’administration transmucosale (par une muqueuse) est la voie à privilégier et les premiers effets apparaissent en 24-48 heures environ. La forme galénique en huile est donc particulièrement adaptée aux carnivores domestiques.
Il est préférable de commencer à faible dose pour augmenter progressivement jusqu’à obtenir l’effet souhaité
Le CBD peut s’administrer seul ou en complément d’un traitement allopathique, concomitamment ou en relai.
Le comportementalisme animal est-il concerné par le CBD ? L’utilisation du CBD est-elle fréquente chez vos confrères vétérinaires ?
Comme je l’ai précisé précédemment, la lutte contre l’anxiété est une des indications du CBD en médecine vétérinaire. La médecine vétérinaire du comportement a donc tout intérêt à s’informer sur le CBD et à l’utiliser.
Cette molécule fait seulement son apparition sur le marché vétérinaire avec déjà plusieurs références disponibles cependant. Il est trop tôt pour savoir si les vétérinaires se la sont appropriée.
Dans votre profession, la perception du CBD est-elle différente à l’étranger ? Y-a-t’il des produits au CBD créés spécialement pour les chiens et chats ?
Certains pays sont plus avancés sur le sujet, notamment ceux qui ont légalisé l’usage médical du cannabis, à l’instar du Canada. Il est logique de penser que dans ces Etats, le CBD bénéficie d’une plus grande notoriété.
La France s’y est intéressée plus tard mais les références et points de vente se multiplient, preuve que ce marché a une légitimité.
Les produits spécifiquement commercialisés pour les animaux sont également de plus en plus nombreux.
Un humain peut-il prendre du CBD formulé pour animaux, et vice et versa ? Avez-vous déjà pris vous-même du CBD et pour quelle raison ?
A priori oui, puisqu’il s’agit de la même molécule mais certains compléments aux CBD pour animaux sont formulés avec des arômes spécifiques (poisson par exemple) dont le goût ne plaira pas forcément aux humains !
J’en prends personnellement depuis des années car cela m’aide à dormir et me détend.
A quand une émission télé sur le CBD pour animaux ?
Je n’ai pas encore eu connaissance d’un tel projet mais pourquoi pas s’il concourt à favoriser un usage raisonné du produit et à mieux le faire connaître.
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