Fédération, syndicat, association… Après tout, qu’importe l’appellation pourvu qu’il prenne le parti du CBD et de ses acteurs. En tout cas, l’UPCBD affiche clairement ses intentions et Charles Morel, son Président, répond sans langue de bois à nos questions.
En quoi l’UPCBD va se démarquer des 3 syndicats déjà existants (Interchanvre, UIVEC, SPC, ndlr) ?
Comme son nom l’indique, l’Union des professionnels du CBD est la seule organisation professionnelle exclusivement dédiée au CBD. Elle est née de la nécessité dans laquelle se sont sentis les principaux acteurs du secteur, notamment dans la distribution, de s’unir pour sortir de l’insécurité juridique dans laquelle se déployait leur activité en raison de l’attitude répressive et arbitraire des pouvoirs publics. Cette molécule, qui n’est ni psychotrope, ni addictive, ni toxique, a ses spécificités, ses problématiques propres et des enjeux différents de ceux que portent les partisans du chanvre industriel ou du cannabis récréatif. Certains intérêts et objectifs sont communs avec les autres organisations existantes- la mise en place d’une filière agricole française dédiée à la production de CBD – d’autres sont distincts – nous demandons la légalisation de la commercialisation de la fleur brute, qui représente une part importante du chiffre d’affaires de nos adhérents et présente des atouts majeurs en termes de santé publique, contrairement à ce que soutiennent la Mildeca et le gouvernement, enfermés dans une appréhension abstraite, idéologique et malthusienne de la réalité.
Vous affichez clairement 9 propositions, pour clarifier, encadrer et soutenir le secteur du CBD. Laquelle selon vous est primordiale, même prioritaire, au regard de la situation actuelle ?
La légalisation du commerce de la fleur brute. Concrètement, si le projet d’arrêté communiqué la 20 juillet dernier à la Commission européenne était publié en l’état, il menacerait très gravement l’existence du réseau de distribution qui s’est mis en place à travers le pays. Ce réseau, qui contribue aussi bien à la revitalisation des centres-villes avec les boutiques spécialisées, qu’au maintien des derniers services de proximité en zone rurale avec les buralistes, répond à une demande croissante, pour ne pas dire en croissance exponentielle, de la population – toutes générations et classes sociales confondues -, de produits naturels, non médicamenteux, pour améliorer son bien-être et son état de santé. Retirer brutalement la moitié de son chiffre d’affaires aux professionnels du CBD exposerait évidemment la majorité d’entre-eux au dépôt de bilan à court terme.
Combien avez-vous d’adhérents à ce jour, et qui sont-ils ?
Nous avons une centaine d’adhérents directs, dont les principaux franchiseurs du secteur, qui représentent environ cinq cents boutiques spécialisées et plusieurs milliers de buralistes, ainsi que des producteurs. Nous recensons actuellement l’ensemble des commerces, dont beaucoup se sont ouvert très récemment et que nous avons tous vocation à intégrer et représenter, de même que les producteurs de la nouvelle génération.
La récente proposition d’arrêté, clairement « anti fleur », envoyée à l’UE, a-t-elle une chance d’aboutir ?… Votre avis sur la probable suite de cette affaire …
Le gouvernement peut le publier après consultation de la Commission européenne, qui n’a pas de caractère contraignant. Nous ferons valoir nos observations et l’isolement de la France, arc-boutée sur une posture prohibitionniste, officiellement pour un motif d’ordre public. Si l’arrêté devait être maintenu en l’état, nous déposerions immédiatement un recours devant le Conseil d’État pour le faire annuler. Le débat est pour l’instant politique, mais ressemble beaucoup à un dialogue de sourds. Nous sommes convaincus qu’à défaut d’être entendus par le Gouvernement, nous serons compris par la juridiction administrative, qui fera prévaloir l’état de droit et le respect des droits fondamentaux consacrés, tant dans notre bloc de constitutionnalité que dans le droit européen.
A quoi attribuez-vous cet acharnement de la Mildeca, sur la Fleur en particulier ?
La Mildeca est supposée œuvrer au service de l’intérêt général et de la population sur la base des données scientifiques les plus récentes et d’un bilan coûts/inconvénients/avantages précis et concret. Or, l’option retenue est incohérente avec ces exigences. De toute évidence, le travail de la Mildeca est soumis à l’agenda électoral et personnel du Ministre de l’Intérieur. Face à l’incapacité d’Emmanuel Macron et de son Premier ministre d’élaborer une vision d’avenir sur le CBD, il avance ses pions, cyniquement, en instrumentalisant les contraintes supposées de son administration.
Contre vents et marées, l’activité autour du CBD se développe à vitesse grand V. Comment voyez-vous l’activité se réguler à court, moyen et long terme ?
A court terme, nous sommes encore sur une dynamique d’ouverture de boutiques spécialisées, en dépit du projet d’arrêté. La grande distribution aussi propose désormais des gammes de produits à base de CBD. Nous sommes optimistes sur notre capacité à mettre l’État en échec puis à le convertir à la nécessité de mettre en place une filière d’excellence, du producteur au consommateur, en incluant la commercialisation de la fleur brute, dont les bienfaits l’emporte très largement sur un risque hypothétique d’ordre purement administratif. Parallèlement à cette phase d’affrontement, nous allons travailler à l’autorégulation du secteur, à la traçabilité des produits et à la qualité de l’information des consommateurs, aux bonnes pratiques et aux meilleurs usages, en favorisant la mise en place de labels et de certifications et en mettant à disposition de nos membres des formations et des services mutualisés. Les perspectives de croissance sont considérables pour une nouvelle génération d’entrepreneurs engagée dans un secteur qui œuvre au bien-être de la population avec une molécule extraite d’une plante la plus écologique qui soit. Contrairement aux responsables politiques qui pédalent la tête dans le guidon, nous voyons l’horizon et réfléchissons sur les différentes échelles de temps. Et nous nous appuyons sur le droit, la science et l’amour de la Nature, ce qui nous donne beaucoup de force et de sérénité dans le combat que nous devons mener.
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