Docteur en chimie de l’UPMC, chercheur au CNRS pendant 37 ans, coauteur d’une centaine d’articles à l’internationale et d’une dizaine de brevets, expert judiciaire auprès des tribunaux en chimie (agréé par la Cour de cassation)… Pascal Doppelt est aussi cofondateur et directeur R&D de plusieurs entreprises du secteur CBD dont le Laboratoire LEAF, un des principaux sur le territoire. Devant de telles références, on ne peut être qu’à l’écoute…
Quand et dans quelles circonstances avez-vous crée et développé le Laboratoire Leaf ?
J’ai eu le besoin de disposer d’un laboratoire d’analyses pour traiter certains problèmes techniques que je rencontrais dans les expertises judiciaires que je traitais, en plus de pouvoir répondre aux besoins d’analyses des émissions des produits de la cigarette électronique, conformément aux exigences de la TPD (Directive européenne sur les produits du tabac, ndlr). Nous avons créé le laboratoire LEAF avec mon fils Elie, ingénieur en mécanique des fluides, formation adaptée à la mise en place des équipements nécessaires à l’analyse des émissions. Mon statut de fonctionnaire étant incompatible avec celui de gérant, Elie a été nommé président de LEAF, tâche qu’il a brillamment pris en charge. La recherche de nouvelles sources de revenus pour le laboratoire LEAF nous a fait croiser la route du CBD, des extraits du chanvre, avec le devoir de sélectionner pour nos clients des produits exempts de produits indésirables -THC mais aussi résine pour les e-liquides. Cela nous a fait acquérir un savoir-faire unique au niveau national sur l’analyse de ces produits.
En quoi consiste l’activité, ou les activités, de Leaf précisément ?
Le laboratoire LEAF est composé d’une équipe pluridisciplinaire de docteurs, d’ingénieurs et de techniciens spécialisés. Notre base de travail reste toujours les analyses des émissions de la cigarette électronique -toujours demandées par la TPD en cours- et les analyses et dosages des produits extraits du chanvre sur la plante elle-même ou sur tous les produits dérivés. A la demande de clients, un service de recherche a été mis en place également pour mettre au point des compositions de produits alimentaires ou cosmétiques contenant du CBD et ses dérivés. LEAF est aussi impliqué comme laboratoire d’analyses de référence dans plusieurs projets sur la mise en place de la filiale française du cannabis thérapeutique.
Qui sont vos clients et à quels types de demande devez-vous répondre ?
Nos clients sont les fabricants ou les distributeurs de liquides pour cigarettes électroniques, les chanvriers, les fabricants et distributeurs de produits alimentaires à base de CBD, les boutiques de CBD et de produits dérivés, l’industrie cosmétique. En général, il nous est demandé le dosage du THC et la composition en cannabinoïdes et terpènes de toute sorte de produits alimentaires ou cosmétiques, mais aussi dans les fleurs de chanvre.
D’un point de vue scientifique, quel est le type d’absorption le plus efficace pour la prise de CBD ?
Le CBD, comme les autres produits du chanvre, sont lipophiles (aiment les graisses) et donc difficilement compatibles avec l’eau, c’est pourquoi ils sont intégrés dans des produits eux-mêmes lipophiles comme les huiles ou certains solvants (propylène glycols). Le plus efficace pour une bonne absorption du CBD, c’est la voie pulmonaire avec usage de la cigarette électronique, ou les inhalateurs, si le consommateur veut bien les utiliser. Les sucs gastriques dégradant partiellement ces produits, il est peu efficace de les avaler. En revanche, la voie sublinguale, avec diffusion des produits sous la langue par les graisses qui y sont présentes, marche bien. La voie cutanée est aussi possible. Par la suite, ces produits sont transportés par des lipoprotéines jusqu’au récepteurs sur lesquels ils agissent.
LEAF a-t-il obtenu une sorte d’agrément qui garantit ses certifications et ses analyses, au regard de l’administration française ?
La certification est en cours et commencera par l’ISO 17025 (aspects métrologiques). En ce qui concerne la qualité du travail de LEAF, elle a été reconnue par les autorités comme par la profession.
Il semblerait que certaines analyses de laboratoires européens diffèrent des vôtres. Votre méthode d’analyse est-elle différente ?
Nous avons fait le choix de caler nos protocoles sur ceux qui sont utilisés par les forces de l’ordre (douanes et gendarmerie) lors des contrôles. Ceux-ci différent effectivement de ceux utilisés par certains pays européens, ce qui fait que les certificats d’analyses non français peuvent ne pas être reconnus par les autorités françaises.
De par votre expérience, voyez-vous une évolution se profiler dans la réglementation du CBD, bien-être comme médical ?… On parle notamment d’une augmentation du taux de THC autorisé !?
En ce qui concerne LEAF, le laboratoire continuera à mettre à la disposition de ses clients, y compris les autorités administratives, son savoir-faire et son expertise pour produire des analyses de qualité, quelle que soit la règlementation mise en place. Il est indispensable d’obtenir un consensus européen à la fois sur les protocoles analytiques utilisés et sur les taux maxima de produits identifiés comme psychotrope dans les produits fabriqués, mais aussi sur les matières premières. Un taux de THC maximum de 0,3 % sur les fleurs du catalogue européen est envisagé au niveau européen à moyen terme et il est compatible avec ce que nous mesurons régulièrement sur les produits. Il sera difficile pour les autorités d’imposer un taux inférieur pour les produits finis.
En ce qui concerne le cannabis thérapeutique, le problème de réglementation des taux de THC ne se pose pas puisque c’est le domaine du médicament.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.