Les phytocannabinoïdes sont au coeur de beaucoup d’études. Naturels et causant moins d’effets secondaires que certains traitements habituels, le cannabis médical est un objet de recherche sérieux. On vous parle aujourd’hui de l’essai clinique de Phase II réalisé à l’Université de Notre-Dame à Perth, en Australie-Occidentale, sur l’efficacité du cannabis thérapeutique sur la démence.
On vous explique, la démence :
On estime que près de 787 000 personnes au Royaume-Uni et 450 000 personnes en Australie souffrent de la maladie d’Alzheimer, dont environ 78 % présentent des symptômes légers ou modérés. En France, les troubles neurocognitifs affecteraient directement plus de 1,2 million de personnes.
Quelques critères selon l’OMS :
- La démence est un syndrome dans lequel on observe une dégradation de la mémoire, du raisonnement, du comportement et de l’aptitude à réaliser les activités quotidiennes.
- Bien que la démence touche principalement les personnes âgées, elle n’est pas une composante normale du vieillissement.
- On compte 50 millions de personnes atteintes de démence dans le monde et il apparaît chaque année près de 10 millions de nouveaux cas.
- La maladie d’Alzheimer est la cause la plus courante de démence et serait à l’origine de 60-70% des cas.
- La démence est l’une des causes principales de handicap et de dépendance parmi les personnes âgées dans le monde.
- La démence a des conséquences physiques, psychologiques, sociales et économiques pour les personnes atteintes de la maladie mais aussi pour les personnels en charge des soins, les familles et la société en général.
Grâce à ces quelques données, on comprend bien l’intérêt de la recherche pour cette pathologie et notamment les orientations d’études vers des solutions plus naturelles, comme le cannabis thérapeutique.
Le cadre du protocole de test : cannabis thérapeutique et démence
C’est la société biopharmaceutique, MGC Pharmaceuticals Ltd qui a rendu récemment un compte rendu sur son test clinique effectué sur des patients atteints de démence et de maladie d’Alzheimer. Le but de ce test, basé sur un médicament expérimental, avait deux objectifs ; prouver l’innocuité de ce dernier et l’efficacité du cannabis thérapeutique dans ce type de pathologies psychiatriques.
MGC Pharma est une société spécialisée dans le développement de phytomédicament à base notamment de phytocannabinoïdes.
Le médicament expérimental qu’elle a conçu, le CogniCann et qu’elle a mis à l’essai, est un spray oral contenant du delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et du cannabidiol (CBD), soit du cannabis thérapeutique. Il a donc été testé lors de cette expérimentation, sur des personnes atteintes de maladie neuropsychiatrique. Pour se faire, 22 personnes ont pris un traitement de six semaines avec CogniCann avant de passer à un traitement placebo, d’encore six semaines.
Les objectifs de l’essai : cannabis thérapeutique et démence
Dans un premier lieu, le médicament étant en phase expérimentale, il été impératif de s’assurer de son innocuité pour les patients. Pour cela un suivi médical quotidien a été mis en place sur les deux périodes d’études, de 6 semaines chacune.
Suite à ce suivi, les données médicales relevées (fréquence cardiaque, tension, prise de poids, de graisse…) n’ont présenté aucune différence entre les deux groupes, permettant ainsi de mettre en évidence le caractère non nocif du médicament.
En parallèle, un protocole de mesure de l’évolution du comportement basé sur des tests psychiatriques pour évaluer l’efficacité même du phytcomédicament, a été intégré à l’essai. Selon la MGC pharma, celui-ci s’appuie sur trois critères :
1. Le score NPI-NH du participant à l’aide du questionnaire Neuropsychiatric Inventory – Nursing Home Version (NPI-NH), qui est basé sur les réponses des participants et des soignants impliqués dans leurs soins quotidiens.
Le questionnaire NPI-NH a été développé pour aider à caractériser les symptômes neuropsychiatriques et la psychopathologie des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et d’autres patients atteints de démence résidant dans des maisons de retraite ou des établissements de soins prolongés. Le NPI-NH est également utilisé pour mesurer l’impact des médicaments anti-démence sur ces patients.
Résultats : Les résultats de l’étude ont montré qu’après 44 jours, les patients du groupe placebo ont connu une détérioration de leur état, sur la base de leur score NPI-NH, par rapport au profil neuropsychiatrique stable des patients traités avec CogniCann , indiquant que l’utilisation précoce de CogniCann peut être bénéfique dans le traitement des patients atteints de démence.
2. Comportement agressif
Le comportement agressif est l’une des perturbations les plus graves vécues par les patients atteints de démence et est une cause fréquente d’orientation psychiatrique, d’admission à l’hôpital et de traitement médicamenteux.
Résultats : Au cours de la période d’étude de 44 jours, la sous-échelle agressive de l’inventaire d’agitation Cohen-Mansfield du groupe de traitement s’est améliorée de 13 %, par rapport au groupe placebo qui s’est amélioré de 4 %. Cette découverte importante indique non seulement une amélioration de l’état de santé des patients, mais également une amélioration de la qualité de vie des familles et des soignants qui prennent soin des patients atteints de démence. Le graphique ci-dessous montre l’évolution du comportement agressif entre les groupes Traitement et Placebo. Les deux groupes ont commencé à partir de valeurs d’échelle d’évaluation de l’agressivité similaires, le groupe de traitement (colonnes vertes) montrant une amélioration accrue par rapport au placebo, ou Groupe témoin (colonnes rouges). Ces résultats peuvent être considérés comme un vecteur et seront étudiés dans de futurs essais cliniques en utilisant un échantillon plus important.
3. Inventaire d’agitation Cohen-Mansfield (CMAI) 3
Le CMAI est une échelle en 29 items largement utilisée pour évaluer la fréquence des manifestations de comportements agités chez les personnes âgées, complétée par un proxy (aidant familial ou personnel d’EHPAD).
Résultats : L’étude a démontré que le score CMAI du groupe de traitement s’améliorait d’environ 17 %, passant de 69 à 57, par rapport à l’amélioration d’environ 8 % du groupe placebo sur la période de 44 jours. L’agitation est un syndrome comportemental caractérisé par une activité motrice accrue, souvent non dirigée, de l’agitation, de l’agressivité et une détresse émotionnelle. Selon plusieurs observations, la prévalence de l’agitation varie de 30 à 50 % chez les patients atteints de démence.
Conclusion : cannabis thérapeutique et démence
La conclusion de l’essai de phase II, démontre que le cannabis thérapeutiques peut inhiber la détérioration du comportement chez les patients atteints de démence. Ce genre de traitement pourrait donc permettre d’améliorer l’état de santé du malade, mais également celle de la qualité de vie des familles et soignants, qui prennent soin des patients.
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