Faire le buzz avec les abeilles, c’était son destin. Cet autodidacte surdoué, passionné de nature et qui a trouvé dans le cannabis une forme de résilience à ses problèmes de santé, a ni plus ni moins révolutionné le monde de la biologie animale en créant le « Cannahoney“, le premier miel au cannabis conçu naturellement. Faire butiner des abeilles sur de la résine de cannabis, c’est son secret, son “oeuvre dard“, et il gardera sans doute cela pour lui. En revanche, il a décidé de partager avec nous, quelques-unes de ses connaissances sur le sujet et de rétablir quelques vérités. Alors quitte à reprendre l’expression, Nicolas comme ses abeilles ne perd pas son temps à expliquer aux mouches que le nectar est meilleur que la m…
Pouvez-vous vous présenter brièvement à nos lecteurs ?
Je m’appelle Nicolas, plus connu sous le nom de Nicolas Trainerbees, j’ai 44 ans, je suis un autodidacte devenu apiculteur, cannabiculteur et conférencier. Je suis consommateurs de cannabis médical et récréatif depuis plus de 30 ans et j’ai très vite compris le potentiel de cette plante pour combattre mon hyperactivité et une maladie dégénérative grave dont je suis atteint, le “syndrome sévère des jambes sans repos“. J’ai dû quitter la France, où les lois en matière de cannabis sont trop restrictives, pour cultiver librement mon herbe et me soigner en Espagne.
D’où te viennent tes connaissances sur la nature ?
C’est mon père qui m’a initié à la compréhension de la nature et sur l’importance de tous les êtres vivants. Je me suis intéressé très tôt aux insectes et particulièrement aux insectes sociaux comme les fourmis et évidemment les abeilles vers 7-8 ans grâce à des ruches naturelles dans des arbres et ensuite chez des apiculteurs. Un travail d’observation que j’ai poursuivi en ayant divers élevages d’arthropodes, d’insectes comme les mygales, les grillons, etc… Cela m’a permis de les étudier, de les comprendre. J’ai toujours aimé passer mon temps à comprendre la nature, on a tellement à apprendre d’elle.
Pourquoi les abeilles en particulier ?
Les abeilles vivent dans une société que l’on pourrait nommer “monarchie démocratique“ car même si la reine domine, il arrive que les abeilles se rebellent et tue ou éjecte la reine, afin d’en élever une autre, plus bénéfique pour la ruche. Les produits de la ruche sont tous plus formidable les uns que les autres, ce sont des alliés santé de l’humain ; le propolis, le miel, le pollen, la cire, la gelée royale. L’homme a tendance à oublier que 70% des fruits et légumes que l’on voit sur les étals des marchés ont nécessité des pollinisateurs, que ce soit les abeilles ou sous-espèces d’abeilles, de bourdons, de mouches des fleurs comme les syrphes.
« J’ai passé mon temps à comprendre la nature, on a tellement à apprendre d’elle »
Comment t’est venue l’idée de réunir abeilles et cannabis ?
Après avoir été plusieurs années apiculteur amateur, passant mon temps à étudier l’apiculture, étudiant le comportement de mes “zaza“, j’ai finalement compris comment pirater un des systèmes de communication des abeilles. Ainsi, j’ai pu leur faire faire un miel de cerise (issu du fruit), de banane, etc. Pour le cannabis, évidement les abeilles étant attirées naturellement seulement par les plants mâles, elles ne vont pas naturellement sur les femelles. C’est après voir compris comment faire pour influer sur leur système de récolte de propolis et après diverses sélections que j’ai pu commencer à voir la ruche se remplir jusqu’au bord des alvéoles de cette « cannapropolis » verdâtre. Il ne reste plus aux abeilles qu’à aller chercher du nectar d’autres fleurs qu’elles transforment en miel dans les alvéoles. Au bout de 3 semaines, le nectar infuse naturellement et est devenu du miel. Je n’ai plus qu’à récolter le miel, que je ne chauffe pas évidemment, je le laisse brut.
Pourquoi ne vends-tu pas ton miel au public ?
Il me faut en moyenne 2 heures de travail sur la ruche chaque jour durant 15 à 20 jours. Par ailleurs, il me faut 5 plants de 1m-1m5 que les abeilles vont totalement détruire lors de la récolte de résine dont beaucoup est perdu durant le process, tout ça pour au final récolter 3-4 kg d’un miel qui, suivant les récoltes, a été analysé à un taux qui varie entre 0.8 et 3 % de cannabinoïdes. Donc cela en fait pour le moment, un produit non rentable.
Tu n’as pas essayé de lever des fonds pour continuer d’améliorer la technique ?
J’ai été approché par des entreprises comme Phytopharma, que j’ai écarté les jugeant trop peu intéressés par le bien-être des abeilles. Et en un an, par je ne sais quel procédé, ils ont réussi eux aussi à en produire et à un coup de revient plus bas. Du coup, ils en vendent ! Mon histoire en a inspiré d’autres, comme cette personne malhonnête aux États-Unis qui a réservé le domaine internet cannahoney.com il y a 5 ans. Il utilisait mes photos et vidéos et se faisait appeler Nick French, très proche de mon nom (Nicolas et je suis français), et tout ça pour vendre un miel infusé par lui et pas par les abeilles. J’ai quand même réussi à lui faire arrêter d’utiliser mon nom et mes photos. En France, un article sur le miel au cannabis paru dans Le Daily Béret m’a fait du tort car beaucoup de personnes y ont cru. Mais le Daily Béret est un journal satirique qui s’est inspiré de mon histoire pour faire la sienne. En attendant, le mal était fait.
C’est pour ça que tu es parti de France ?
Oui et non. Je suis un activiste du cannabis et en particulier du cannabis médical. Quand je vivais en France, j’ai aidé plusieurs personnes pour diverses affections. Après quelques reportages/interviews où il en était fait état, j’ai subi des pressions pour partir et je me suis installé en Espagne. Ici, j’ai suivi des cours sur le cannabis médical ainsi que des cours avancés sur ce thème dispensés par l’Université de Santiago du Chili, en collaboration avec la Fundación Daya.
« 70% des fruits et légumes sur nos marchés ont nécéssité des pollinisateurs »
Que penses-tu de l’évolution du cannabis dans le monde ?
La vie sur terre n’est qu’un éternel recommencement, on a tendance à oublier que la majorité de la pharmacopée dans les années 1850 était faite de cannabis. J’ai eu la chance de voyager et d’apprendre, de connaître beaucoup de gens de la nouvelle industrie du cannabis ; canadienne, américaine et sud-américaine. C’est là que j’ai pu voir que la prohibition française avait fait s’expatrier d’autres Français, comme le regretté Frenchy Cannoli qui nous a quittés il y a peu et avec qui j’ai passé des soirées mémorables, à parler haschich, oxydation des cannabinoïdes, des odeurs (terpènes)… J’ai le sentiment que le cannabis commence à retrouver ses lettres de noblesse.
Et comment vois-tu l’évolution du CBD en France ?
La France a raté le coche, elle aurait pu avoir une industrie très forte du CBD car le chanvre est monnaie courante dans nos champs. Je suis né en Champagne, il y a toujours eu beaucoup de champs dédiés à la fibre et aux graines. Faire le choix d’interdire les fleurs est une aberration, spécialement sur le point de la réduction des risques liée au THC. C’est même l’effet escompté inverse qui est atteint car bon nombre de consommateurs de cannabis THC (récréatif) étaient passés aux fleurs de CBD pour se sevrer du THC ou rééquilibrer leur consommation pour éviter les high trop fort.
D’autres projets en vue ?
Oui évidemment, je travaille actuellement sur des extractions de venin d’abeilles, manuellement, une à une sans les tuer, combinées à de la bave d’escargot qui mange du cannabis afin d’en faire un sérum anti-âge. Je travaille aussi sur la pollinisation faite par les abeilles du cannabis. On sait qu’en Chine il n’y a plus d’abeilles et c’est l’homme qui pollinise à la main. Le résultat est plus que médiocre par rapport aux abeilles qui, lors de la pollinisation, opèrent une sélection naturelle des meilleurs grains de pollen pour polliniser. Donc il va être difficile de se passer de ces petites bêtes. Les préserver, c’est la priorité.
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