En écoutant parler David Cohen, on est frappé par son altruisme et sa sagacité. Conséquence d’une histoire personnelle douloureuse, son activité dans le chanvre et le cannabidiol ne doit rien au hasard et relève de la vocation. Sa passion pour cette plante et son intérêt pour les autres sont encore d’autres raisons du succès de son entreprise, dont il risque bien de faire un jour un véritable empire hédoniste. On vous raconte, LE CBD FRANÇAIS, la success story !
Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a amené à faire du CBD votre métier ?
Pour comprendre ce qui m’a conduit vers le CBD, il faut remonter dans le temps, lorsque j’avais 13 ans. J’ai subi une greffe des vertèbres et à l’issue de cette opération assez lourde, la médecine m’a fourni des opiacés pour soulager la forte douleur. D’abord de la morphine en continu pendant 5 à 6 jours, puis un traitement médicamenteux d’un an en plus d’un corset que j’ai gardé un an et demi. Suite à cela, je suis devenu morphino-dépendant à seulement 14 ans, mais les médicaments provoquaient des troubles et des vomissements réguliers. Un de mes amis m’a alors conseillé de fumer des joints, car cela soulageait efficacement son père qui avait aussi de fortes douleurs au dos. J’ai donc essayé le cannabis, ce qui m’a permis d’arrêter les médicaments. Plutôt que de souffrir tous les jours d’effets secondaires pénibles, j’ai choisi de sourire à la vie en empruntant une voie délictueuse. Cela m’a incité à étudier cette plante, à me renseigner sur ses effets à travers les études scientifiques mondiales disponibles, puis m’a donné envie d’utiliser mes connaissances pour aider des personnes préférant utiliser des produits naturels.
La création de votre entreprise, Le CBD Français, ne répondait donc pas uniquement à un objectif commercial ?
Non, pas du tout même. J’étais très renseigné sur le cannabis THC, mais j’ai découvert plus tard le CBD que j’ai appris également à connaître et lorsque le marché s’est ouvert à cette molécule, donnant l’occasion d’émanciper les mentalités, je me suis dit qu’il fallait agrandir la brèche pour aider les gens. Avec ma femme, nous avons donc créé en 2018 notre entreprise sous la forme d’un site de vente de produits CBD, mais lorsque nous avons voulu ouvrir une boutique physique, nous avons eu vent de tous les problèmes rencontrés par les quelques magasins déjà existants avec les descentes de police, les saisies, les gardes-à-vue… Nous avons alors fondé la Fédération française du CBD, une association dont le but est de défendre les chanvriers, les transformateurs et les revendeurs de produits à base de cannabis. Le magasin n’a finalement été ouvert qu’en octobre 2019, quand la tension est retombée. C’était le premier magasin CBD du Vieux Port de Marseille, qui a reçu un accueil quasi euphorique. Deux mois plus tard nous avons ouvert une seconde boutique aux Deux-Alpes.
Vous-même, avez-vous eu à affronter des problèmes ou des difficultés lors de la création de votre entreprise ?
Oui tout à fait. Dans notre boutique des Deux-Alpes, 12 kilos de produits ont été saisis, j’ai fait deux gardes-à-vue qui se sont d’ailleurs très bien passées, avec beaucoup de dialogues. Nous n’avons eu aucun procès en revanche, car je pense que les autorités ne sont pas en mesure de nous donner les taux de THC contenus dans les produits, vu qu’ils sont probablement conformes à la loi. En fait, toutes ces mesures répressives ne visent pas à interdire le marché, mais avant tout à le déstabiliser, afin de pouvoir intégrer le cannabis médical selon les desideratas des décideurs, avec des contraintes financières qu’ils auront eux-mêmes fixées.
Quelles sont les différentes activités de votre entreprise ?
Nous avons donc la distribution en boutique, mais nous sommes aussi grossiste pour environ 300 points de vente dans toute la France, entre les tabacs, les épiceries fines et les CBD shops. Nous commençons également à approvisionner les grandes surfaces. Du côté des franchises, nous avons monté le premier magasin en décembre 2020 et nous avons aujourd’hui une dizaine de franchisés, mais nous avons prévu d’ouvrir 90 nouvelles boutiques en 2022. Nous sommes également producteurs avec 5 hectares de cultures extérieures qui vont passer sous serres écologiques cette année, une ferme moderne et 200 mètres carrés de culture indoor que nous exploitons petit à petit. Ceci pour produire du CBD français et transformé, car nous misons beaucoup sur la transformation des produits et de la matière première. Pour cela, nous avons un laboratoire, mais aussi une chaîne de manufacture automatisée avec beaucoup de matériel agricole.
Quel type de produits proposez-vous ?
Outre les fleurs et la résine, nous vendons des huiles, du e-liquide, du thé et des tisanes, de la confiserie, des barres de céréales, des alcools, rhum, vin rouge, rosé, génépi, une douzaine de produits alimentaires qui vont des graines de chanvre à la farine, bref, nous couvrons la quasi-totalité des produits CBD disponibles actuellement, puisque nous en avons environ 350 en distribution grossiste via notre société Greenland.
Pouvez-vous nous détailler le système des franchises au sein de votre entreprise, qui semblent constituer une part importante de votre activité ?
Toutes les franchises portent l’enseigne Le CBD Français, notre marque. La franchise totale est à 25 000 euros, comprenant un droit d’entrée de 15 000 euros et 10 000 euros pour l’aménagement. Nous fournissons le magasin complet avec la mise en place, les marchandises, les PLV, enseigne, pour le tarif annoncé. C’est du clé en mains avec en outre toute la partie marketing, promotion, réseaux sociaux ouverts, bref, la totale ! Il y a également une formation théorique complète qui dure environ 4 jours, puis une formation magasin pour découvrir tous les produits. Ensuite, il y a 7 % de royalties tous les trois mois, reversées dans trois services différents : communication, formation et recherche et développement. Le chiffre d’affaires d’une boutique tourne entre 25 et 30 000 euros par mois, ce qui laisse au franchisé un bénéfice d’environ 15 000 euros, une fois tous les frais payés.
Pouvez-vous établir un portrait-type du consommateur de CBD ?
C’est impossible, car notre clientèle est très hétéroclite. Néanmoins, c’est vrai que les clients âgés sont très nombreux parce que nous sommes en mesure de leur parler des problèmes musculaires, articulaires, des maladies neuro-dégénératives. Je forme moi-même mes équipes pour qu’elles soient capables de décrire les produits aux clients, leur parler des bénéfices, délivrer les bonnes informations aux bonnes personnes. Nous avons donc une clientèle régulière de personnes âgées de 60 à 90 ans qui consomment des produits parapharmaceutiques comme les huiles sublinguales pour des problèmes souvent osseux ou articulaires. Pour les clients plus jeunes, disons entre 25 et 45 ans, il y a au moins trois facteurs de motivation. D’abord, la volonté de sortir d’un état d’addiction avec le THC et grâce à notre éclairage, certains d’entre-eux ont pu totalement arrêter la combustion de cannabis, pour se tourner exclusivement vers un vapotage CBD. Ce sont pour nous de belles réussites qui correspondent à notre philosophie consistant à libérer le client de son addiction et pas de l’entretenir au quotidien. D’autres clients prennent du CBD juste pour sortir de l’illégalité lorsqu’ils sont au volant, avec le risque de se retrouver sans permis et d’autres encore pour ne plus avoir à aller chercher du cannabis illégal dans des quartiers chauds. En fait, tous ces clients préfèrent largement venir en boutique acheter des produits conformes à la législation.
Comment expliquez-vous l’opposition du gouvernement au cannabidiol, malgré son innocuité qui semble aujourd’hui établie ?
Il demeure en France une vieille mentalité qui continue à diaboliser le chanvre et à nier son importance historique. Les raisons sont diverses, mais certains décideurs enragent de ne pas avoir mis à temps la main sur le marché, les pionniers de la filière CBD les ayant pris de court. En fait, ils auraient voulu imposer leurs propres règles commerciales, ce qu’ils ne peuvent plus faire aujourd’hui à cause des lois européennes. Leur seule marge de manœuvre est de faire des effets d’annonce, mais cela n’est qu’une stratégie en vue des présidentielles de 2022, pour ménager l’électorat défavorable au cannabis. Certes, les annonces contre le cannabis déstabilisent le marché du CBD, comme nous le constatons au niveau de nos commandes qui baissent aussitôt, mais c’est très ponctuel.
Si cette stratégie est bien destinée à ménager une frange de l’électorat, cela signifie donc qu’une partie non négligeable de l’opinion est hostile au CBD. C’est ce que vous observez ?
Pour ma part, ce n’est pas ce que je constate, ou alors de façon marginale, mais à l’évidence, cette réticence d’une partie des Français est bien réelle. Lorsque j’ai affaire à cette méfiance, je la désamorce en parlant de chanvre et non de cannabis, ce qui est perçu plus favorablement. Et puis en creusant un peu, on s’aperçoit que cette vision négative n’est que le fruit d’une diabolisation du camp répressif qui entretient l’amalgame avec le THC illégal. Dans ce cas-là, ma méthode est simple, je montre une vidéo d’un enfant en pleine crise épileptique, qui cesse peu après l’ingestion d’huile de CBD. Je vous assure que c’est très efficace !
« Le CA d’une boutique tourne entre 25 et 30 000 euros par mois » « Nous avons une clientèle hétéroclite mais les personnes agées sont très nombreuses… »
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