Le cannabis et ses molécules font actuellement l’objet d’une attention accrue des instances gouvernementales et le CBD échappe d’autant moins à la règle qu’il suscite un très vif engouement auprès du public. Profitant d’une législation équivoque, le marché du CBD a littéralement explosé au cours des trois dernières années et réunit aujourd’hui des millions de consommateurs, dont beaucoup voient le cannabidiol comme un véritable traitement prophylactique. Mais le CBD pourrait bien présenter d’autres avantages, notamment économiques et sociaux, susceptibles d’en faire une molécule d’utilité publique.

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Par un arrêté publié au Journal officiel le 30 décembre 2021, le gouvernement interdisait la détention et « la vente au consommateur de fleurs et de feuilles de chanvre brutes sous toutes leurs formes », et ce, quel que soit leur taux de THC. Une directive qui signait donc l’arrêt de mort de la filière CBD, et en premier lieu des nombreuses entreprises commercialisant essentiellement du cannabidiol sous les formes concernées. La réaction des professionnels ne s’est pas fait attendre et, le 24 janvier dernier, le Conseil d’État suspendait provisoirement l’interdiction en vigueur et permettait à la filière CBD de poursuivre ses activités. Depuis l’affaire Kanavape et l’arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne en 2020, autorisant la libre circulation en France du CBD, ce dernier bénéficiait d’une tolérance dont ont largement profité les professionnels du secteur. Ceci avec un enthousiasme certes légitime, mais tempéré par des incertitudes législatives constituant une redoutable épée de Damoclès suspendue au-dessus de la filière et dont la corde a fini par casser avec le décret du 30 décembre.
Une décision qui a semé la consternation, mais qui était également prévisible, les gouvernements français successifs ayant toujours entretenu avec le cannabis un rapport très conflictuel, justifié par la Santé publique. La France est d’ailleurs régulièrement accusée de nager dans ce domaine à contre-courant du monde occidental, ce que tempère toutefois le professeur Nicolas Authier, en tout cas dans le domaine médical : « Pour le cannabis médical, tout le monde dit que la France a vingt ans de retard sur les autres pays et se demande ce que l’on attend, et bien nous attendons simplement des preuves scientifiques. Dans la majorité des pays où l’on a légalisé, on l’a fait avant de faire de la recherche. On a légalisé pour des raisons sociales, éthiques, économiques ou politiques, mais pas pour des raisons scientifiques. C’est donc l’inverse de ce qui se passe habituellement pour le médicament, avec lequel on apporte d’abord la preuve de son efficacité avant d’en donner l’accès. » Une explication certes défendable pour ce qui concerne le cannabis médical THC, mais qui ne justifie pas l’interdiction du CBD, non classé parmi les psychotropes et dont la quasi innocuité semble désormais établie.
De l’utilité publique du CBD, dans les domaines du bien-être et de la santé
Si la science peine à démontrer l’efficacité du CBD au-delà du cadre épileptique, de nombreuses recherches sont actuellement en cours et ont parfois donné des résultats encourageants sur des cultures de cellules ou chez l’animal. Dans la pratique, même s’il est difficile d’évaluer l’importance de l’effet placébo, ce sont surtout les très nombreux témoignages qui attestent l’utilité du cannabidiol, pour améliorer le quotidien de consommateurs souffrant de pathologies diverses : « J’ai la maladie de Charcot, le CBD m’aide à diminuer les crampes nocturnes et soulage mes douleurs au quotidien. Je peux à nouveau marcher sans souffrir. Sans le CBD, je serais sûrement déjà en fauteuil roulant. », déclare par exemple Étienne, signataire d’une pétition contre l’interdiction de la fleur de chanvre sur le site Change.org, qui a recueilli à ce jour plus de 40 000 signatures. D’autres, comme Manon, Ingrid ou Laetitia, vantent l’efficacité de la molécule en cas d’insomnie ou de maladie inflammatoire, celle-ci pouvant même finir par se substituer aux traitements allopathiques, une affirmation corroborée par de nombreux autres commentaires : « Je me suis sevrée des médicaments pour dormir grâce aux infusions de CBD. Cela m’aide également à soulager les douleurs liées à la maladie de Crohn. » ; « Le CBD m’aide beaucoup pour ma santé et me permet de réduire mes médicaments de moitié. ». Véronique apaise quant à elle les maux dus à sa sclérose en plaques, tandis que Jeff fait valoir la polyvalence du cannabidiol : « Le CBD est le seul produit à ce jour qui soit parvenu à me soulager de douleurs névralgiques handicapantes et de longue durée. Il m’a aussi aidé à cesser les anxiolytiques et autres benzodiazépines qui détruisaient mon foie et mon cerveau à petit feu, tout en réduisant significativement mon stress de manière naturelle. Enfin, et ce n’est pas rien, le CBD m’a également permis de retrouver, après des décennies d’insomnie, un sommeil réparateur loin de celui des somnifères anesthésiants et toxiques. » Les bénéfices du CBD semblent également concerner les troubles psychologiques comme l’angoisse, le stress ou certaines phobies : « Ça a changé ma vie, témoigne Sam. Je n’ai plus de crises d’angoisse et j’arrive à ressortir enfin. ». Pour Marisa, « Le CBD soulage très efficacement (son) compagnon bipolaire et atteint de troubles autistiques, qui a réussi à se désintoxiquer des anxiolytiques et bétabloquants. ». Effets réels ou placebo, la question paraît subsidiaire à la lecture de ces témoignages édifiants piochés parmi des milliers d’autres, qui confirment au moins empiriquement l’action bénéfique du cannabidiol sur l’organisme.
De l’utilité publique du CBD, en matière d’addiction et de désintoxication
Le CBD semble également constituer une piste sérieuse dans le traitement de l’addiction et plusieurs études scientifiques sont actuellement en cours pour en évaluer la pertinence. Il semble que ce soit déjà acquis pour de nombreux anciens fumeurs de cannabis THC, si l’on en croit une fois de plus les témoignages des intéressés : « J’étais un gros consommateur de marijuana depuis des années et cela fait un an que j’ai décroché grâce au CBD », nous apprend Nicolas. « En tant qu’ancien fumeur de THC, je confirme que le CBD est le moyen le plus facile et le plus sain pour réussir un sevrage qui est souvent très difficile », surenchérit Mickaël. José, quant à lui, a fait d’une pierre deux coups : « Gros consommateur de THC et de tabac pendant sept ans, je suis passé au CBD voilà six mois et depuis, je ne fume plus de THC, ni même de tabac ! ». C’est probablement dans ce domaine que l’on note le plus de retours favorables émanant aussi de professionnels de la santé comme Anaëlle, aide-soignante dans un centre d’addictologie en région Aquitaine : « Beaucoup de patients prennent du CBD pour remplacer le THC, c’est très courant. Cela n’entre pas dans le cadre des thérapies, puisque le CBD n’est pas reconnu comme un traitement, mais nous laissons les patients en consommer car il n’existe pas de substituts médicamenteux pour le THC et le CBD reste donc la meilleure solution. » Mais le CBD pourrait également se révéler un allié précieux dans la lutte contre le tabagisme en réduisant la sensation de manque et sur l’alcoolisme en agissant à deux niveaux, comme le suggère une étude publiée en 2019. D’abord sur les organes affectés directement en protégeant les cellules endommagées et en favorisant leur régénération, puis dans un second temps en facilitant le sevrage grâce à ses propriétés apaisantes et réparatrices.
De l’utilité publique du CBD, dans la lutte contre le trafic de drogue et la délinquance
Selon une enquête menée l’année dernière par l’institut Grand View Research, 6 à 7 millions de Français consommeraient du CBD, soit environ 10 % de la population. Parmi ceux-ci, de nombreux « repentis » du cannabis THC, qui n’ont donc plus besoin de passer par le marché illégal, avec tous les risques qui y sont liés. Les trafiquants de drogue ont d’ailleurs vu d’un mauvais œil l’arrivée du CBD en boutique et son explosion sur le marché à partir de 2019 : « En fait, on a vu pousser les shops dans Paris surtout en 2020, mais on n’a pas vraiment senti la chose venir, raconte Cristo, vendeur de shit dans la capitale depuis 12 ans. On a quand même vite remarqué que nos clients étaient de plus en plus jeunes, car beaucoup de trentenaires et de quadras se sont tournés vers le CBD. Ça nous a posé un problème et il a fallu réagir. » Les dealeurs se sont donc mis à proposer également du CBD à leurs clients, parallèlement au THC : « Cette solution s’est avérée payante, continue Cristo, d’autant que le CBD que nous vendions contenait 1 % de THC et non 0,2. Les fleurs sont donc plus vertes et ont plus de goût que la beuh légale, souvent sèche et marron. On commandait la marchandise en Suisse et en Italie et tout arrivait normalement par colis postal. Vu que c’était facile, on a voulu faire passer ça pour du THC, mais certains clients ont commencé à se plaindre et on a coupé les fleurs avec du fentanyl et du THC de synthèse, pour augmenter l’effet ! » Pour les dealers néanmoins, les véritables affaires vont commencer le 1er janvier 2022, avec l’interdiction effective de la vente de fleurs et de feuilles de CBD : « Quelques jours après la publication du décret, c’est devenu complètement dingue ! Le prix du gramme de CDB a doublé, triplé et même quadruplé dans certains points de deal, explique Cristo, c’est vraiment devenu hyper rentable. Et le plus marrant, c’est que certains de nos anciens clients passés au CBD, sont revenus nous acheter du THC ! Quittes à se mettre dans l’illégalité, ils ont préféré retourner au high ! » Si, comme Cristo, certains dealers ont trouvé des solutions face à l’arrivée du CBD, d’autres en revanche, moins organisés, ont subi de plein fouet la multiplication des boutiques : « Si je peux me permettre, le CBD m’a bien cassé les couilles, balance Erwan un rien agacé. Au début ça n’a pas changé grand-chose, mais ça a commencé à se gâter vers le printemps 2021, avec une petite pause en été grâce aux clients de passage, mais à partir de septembre, la misère ! Des clients ont carrément disparu, des mecs que je fournissais depuis des années… Je ne peux pas dire combien j’ai perdu en pourcentage, mais beaucoup trop, ça c’est sûr. » Précisons qu’Erwan opère sur la côte d’Azur, entre Nice et Toulon, dans une région où les CBD shops ont poussé comme des champignons au cours des trois dernières années… Certes, le cannabidiol à lui seul, ne fera jamais disparaître le marché noir et les trafiquants, mais le choix d’une consommation autorisée paraît séduire toujours plus d’usagers : « Ça fait trois ans que je me suis mis au CBD, témoigne Seb, et je n’ai plus aucune envie d’aller enrichir les dealers de shit. » « Le CBD permet de proposer une offre légale et rassurante pour obtenir un produit de qualité, plutôt que d’alimenter le marché noir et de prendre des risques en allant chercher le matos dans les cités. En plus, il bénéficie aujourd’hui à l’économie du pays, à travers les taxes et les emplois générés par le secteur », renchérit Jérôme, qui a délaissé le THC pour le CBD depuis bientôt huit mois. Une analyse lucide, vérifiée par les 500 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisé par la filière en 2021 et les milliers d’emplois créés en seulement trois ans. Laissons le mot de la fin à Raymond, qui exprime sa lassitude par ces quelques mots adressés à ceux qui décident en haut lieu, du bien-être de millions d’individus : « Je suis un vieux monsieur handicapé, et accablé par des douleurs que seul le CBD parvient à soulager depuis des années. Quand allez-vous comprendre ? »
*Par souci d’anonymat, les prénoms des personnes citées dans cet article ont été modifiés.
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