Poids lourd du CBD français, Hemperious exploite déjà en propre dix hectares de production de fleurs, dont plus de la moitié sous serre. Une surface très importante, mais qui ne suffit plus à répondre aux demandes de clients toujours plus nombreux. Pour y remédier, la société fondée par les frères Loffreda en 2018 a lancé l’année dernière le « programme coproducteurs », qui prend aujourd’hui un essor remarquable à travers toute la France.

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Le « programme coproducteurs, c’est quoi ?
« L’idée de notre programme « coproducteurs », c’est d’aller chercher les compétences là où elles se trouvent, c’est-à-dire dans le monde agricole, afin d’augmenter notre production. »
Cette explication de Ludovic Loffreda, patron d’Hemperious peut surprendre lorsque l’on connaît la force de frappe de cette entreprise florissante. Hemperious est déjà propriétaire d’une très importante étendue cultivable, répartie entre le département de la Loire et la région lyonnaise.
« C’est vrai que nous possédons des exploitations avec de bons rendements, mais elles ne nous permettent pas toujours de produire en interne les quantités nécessaires pour répondre aux demandes de nos clients. C’est pour cela que nous avons créé ce programme, qui consiste à confier une partie de notre production à des agriculteurs indépendants. Ce sont des partenaires exclusifs, mais qui possèdent déjà des terres cultivées avec d’autres plantes. Ils consacrent juste une partie de ces terres à l’exploitation du CBD. La mise en place a eu lieu l’année dernière, mais le programme est étendu de façon nationale depuis cette année seulement. »
Un système d’autant plus intéressant qu’Hemperious ne travaille donc pas avec des chanvriers, mais avec des partenaires issus d’horizons agricoles très variés, ce qui offre certains avantages :
« Nos coproducteurs appartiennent à des filières très différentes de celle du chanvre. On trouve des vignerons, des céréaliers, des maraîchers et bien d’autres types de cultures, ce qui nous permet d’obtenir des plantes issues de différents terroirs, dont nous pouvons ainsi comparer les caractéristiques. Pour l’année prochaine par exemple, nous allons avoir des cultures de cannabis à Saint-Émilion, à proximité des vignes, même chose dans le sud, au milieu des champs de lavande ou en Bretagne sur d’autres types de cultures. C’était aussi notre but au départ du projet, avoir un maping très étendu, afin de voir ce qu’allait donner le cannabis sur différents types de terroir. »
L’entreprise de Ludovic a déjà signé des partenariats avec une trentaine de producteurs à travers la France :
« Nous fournissons les semis, qui sont nos propres génétiques et nous rachetons tout ou partie de la production, selon l’accord initial que nous avons passé avec le coproducteur. À ce jour, les différents contrats nous ont déjà permis de passer de quatre hectares cultivables en interne, à plus de trente hectares avec les cultures externalisées. Cela fait probablement de nous la plus importante production française de cannabis CBD. »
Un programme de coproduction où tous les intéressés trouvent leur compte
Du côté des agriculteurs coproducteurs, on se réjouit évidemment du programme d’Hemperious en ces temps économiquement difficiles :
« Ces cultures en coproduction constituent un excellent moyen pour les agriculteurs partenaires de se faire un complément de revenus important, voire parfois très important, puisqu’ils doublent ou triplent pour certains leur chiffre d’affaires. La plupart sont des paysans qui ont du mal à s’en sortir financièrement, parce qu’il faut bien reconnaître que le monde agricole français est tout de même assez sinistré. Pourtant, ce sont des gens extrêmement compétents. »
Avec de tels bénéfices à la clé, les demandes de partenariat sont de plus en plus nombreuses, mais toutes ne sont pas forcément validées, loin s’en faut :
« Nous trions vraiment sur le volet les personnes avec qui nous avons envie de travailler. Nous les rencontrons ou bien ce sont eux qui viennent nous voir et nous échangeons. Il faut également qu’ils aient une petite capacité financière, car ils nous achètent les semis que nous fournissons. En fait, les plantes leur appartiennent jusqu’à ce qu’ils nous les revendent. Donc nous les responsabilisons en leur donnant un cahier des charges à respecter, nous les accompagnons lorsque c’est de la coproduction à 100 %, comme si c’était notre récolte. Très souvent, ces agriculteurs ne connaissent pas bien la plante, mais avec le temps, on s’aperçoit qu’un très bon vigneron, par exemple, sera capable de détecter les problématiques sur ces cultures, pas si éloignées. »
Pour faire connaître son projet auprès des intéressés, Hemperious n’a pas dû utiliser les grands moyens :
« Nous avons la chance depuis le début de l’aventure Hemperious de ne quasiment jamais avoir eu besoin de prospecter, explique Ludovic. Nous recrutons grâce au référencement, au bouche-à-oreille et surtout, le salon du Chanvre d’octobre dernier nous a pas mal aidés, tout comme votre magazine (!). Sur le salon, plus de la moitié des gens que l’on a vus n’étaient pas des acheteurs, mais des agriculteurs et donc des coproducteurs potentiels ! Aujourd’hui beaucoup d’agriculteurs connaissent le CBD et y voient des opportunités, alors qu’ils se seraient montrés totalement réfractaires si nous avions évoqué une telle coopération il y a seulement dix ans. On trouve encore pas mal de paysans à l’ancienne, un peu bourrus, et cela n’a rien de caricatural. Donc, si ces agriculteurs ont réussi à modifier leur état d’esprit par rapport au cannabis, ce n’est pas seulement par intérêt financier, mais aussi parce que c’est une plante cultivable très intéressante. »
Si Ludovic Loffreda juge déjà très ambitieux l’exploitation de ces 30 nouveaux hectares, il reste bien conscient que le marché du CBD n’en est qu’à ses débuts et que cela pourrait être vite insuffisant :
« Dans quelques années, la plupart des pharmacies distribueront du CBD. Peut-être pas de la fleur, mais au moins des produits dérivés, des fioles, de l’huile… Certaines le font déjà, mais cela va devenir de plus en plus courant et pour aller sur ce marché-là, il faudra beaucoup plus de matière, qui soit en outre normée et règlementée. Ce sera difficile de continuer à faire pousser des fleurs étrangères hors du taux légal. Depuis le temps que nous existons, nous avons pu développer nos propres génétiques à partir du catalogue européen et ils sont aptes à pousser en France, avec un taux faible respectant la norme en THC et un taux élevé de CBD et cela constituera indéniablement un atout de poids dans un marché toujours plus concurrentiel. »
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