Le plastique est un fléau pour l’écologie et il tue peu à peu la planète. L’Union européenne estime sa consommation à 49 millions de tonnes par an. Vous avez dit astronomique !? Pour que cela ne soit pas une fatalité, on a misé sur le recyclage, une voie pavée de bonnes intentions. Mais c’est là où le bât blesse. Et si le plastique de chanvre pouvait inverser la tendance ?…
Le plastique est partout dans notre quotidien et sous différentes formes : brosse à dents, emballage alimentaire, matériel informatique et électroménager, pot de yaourt, etc. Et bien qu’utile pour nous et les industriels, il a fait des ravages au sein de l’écosystème. On estime que 9 milliards de tonnes ont été produites, depuis son invention.
Pour la petite histoire, à partir des années 50, on ne jure que par lui, et sa production augmente. C’est l’avènement de la consommation de masse, l’arrivée de l’ère industrielle. Sauf que, sur le plan écologique, une bouteille en plastique met environ 450 ans pour se décomposer, elle se dégrade en micro particules qui viennent polluer les sols, les mers et les océans, bouleversant complètement la bio diversité et intoxiquant la flore et la faune. Le constat est affligeant, puisque l’on désigne comme « septième continent », un agglutinement de plastiques mesurant près de 6 fois la France. En somme, un bilan peu glorieux.
Le chanvre : l’épilogue de cette catastrophe écologique ?
Rien qu’en France, seuls 28 % des déchets plastiques sont recyclés. Alors où part le reste ? Vous connaissez déjà probablement la réponse. Dans la nature évidemment ! Trouver une alternative, des substituts, devient dès lors urgent, même prioritaire.
Et si, la solution à la pollution plastique était là depuis la nuit des temps ? Et si, nous avions le pouvoir de faire machine arrière et de désintoxiquer la planète ? Ne serait-ce pas fantastique ? Oui, pas besoin d’aller chercher la solution 3.0, le chanvre, lui, le peut… Bien que méconnu du grand public, il serait une solution 100 % biodégradable et pourrait bien être l’épilogue de cette catastrophe écologique.
Alors certes, de nombreuses alternatives émergent, mais sont-elles toutes réellement écologiques ?
On a pu constater que sous des appellations, normées « écologiques », se cachent juste une stratégie marketing (greenwashing). Et si l’on voulait pousser la chose encore plus loin, on pourrait même y ajouter des valeurs éthiques.
Parmi les alternatives qui existent, il y a évidemment le fait de privilégier l’utilisation de contenants réutilisables, comme le verre et l’acier inoxydable…
Et parce que l’on ne manque pas d’imagination sur le sujet, d’autres pistes, réalistes ou farfelues, comme substitut au plastique ont été explorées : le plastique de peau de banane, de graines d’olives, de cactus, de sucre de cannes, d’algues, de champignons…
Toute une panoplie de matières premières naturelles a été testée comme composants pour fabriquer ce plastique BIO.
Plastique bio, oui, mais est-ce forcément du bio-plastique ?
Pour répondre correctement à cette définition, il faut prendre en compte deux critères. Pour être considéré comme tel, il doit être biosourcé, c’est-à-dire que ce plastique doit être composé, en partie ou en totalité, de molécules de nature végétale. Puis il doit être biodégradable, et/ou compostable. En pratique, tous les matériaux sont biodégradables, c’est pour cela que seuls ceux qui se dégradent dans une durée courte, au regard du temps humain, sont considérés comme tels. Une feuille morte est ainsi biodégradable, car elle se décompose en quelques semaines. Une bouteille en plastique est considérée comme non biodégradable, car il lui faut plus de 400 ans pour se décomposer. Cette notion de biodégradable est un rapport qui se fait au regard de la durée de la vie humaine. Deux polymères répondent d’ailleurs à ces deux critères : l’amidon et la cellulose.
Alors qu’en est-il du « plastique de chanvre » ?
Le chanvre est une excellente source d’énergie renouvelable et contient une forte teneur de cellulose naturelle (70 %). La cellulose, ce fameux polymère « bio » dont on vient de parler.
Cette cellulose de chanvre extraite de la plante sert à la fabrication de cellophane, du celluloïd et de la rayonne, de plastique en somme.
Ce plastique issu de cette plante est une matière 100 % biodégradable. Il se décompose très rapidement (environ 5 mois) et il est recyclable. Une option bien plus intéressante que le pétrole, et pas seulement en matière de fabrication, mais également sur le plan de ses caractéristiques techniques. Le plastique de chanvre serait plus léger et presque cinq fois plus résistant.
Comme il n’est pas fabriqué à partir de combustibles fossiles, sa décomposition ne produit pas de dioxyde de carbone. Le plastique de chanvre est donc une alternative écologique, qui s’intègre parfaitement dans la politique mondiale de réduction de CO2 et de dépendance au pétrole.
L’exploitation de cette alternative serait donc, une réelle révolution industrielle.
Saviez-vous d’ailleurs que ce procédé de production de bioplastiques est déjà utilisé, et notamment, par les constructeurs automobiles Mercedes Benz et BMW ? Dans le secteur automobile, à l’heure où les constructeurs nous vantent les mérites des matériaux bio-sourcés, force est de constater que l’approche n’est pas tant révolutionnaire…
Le chanvre industriel de plus en plus prisé
Le plastique de chanvre est donc de plus en plus utilisé et la demande ne cesse d’augmenter. L’industrie textile n’est pas en reste. La France est actuellement leader dans la production de chanvre textile. Le procédé de fabrication n’est pas nouveau, il date des années 80.
La technique simple et naturelle nécessite l’utilisation d’un champignon. Celui-ci nettoie les fibres de chanvre et ne laisse subsister que la lignine, matière première qui intéresse l’industrie textile. Ce procédé enzymatique naturel est non agressif pour la peau, du fait d’être exempte de produits chimiques.
La fibre obtenue est en plus très qualitative. Elle est souple, douce et résistante à la fois. Ses propriétés techniques sont toutes aussi remarquables. Bonne régulation thermique, diminution des odeurs et protection contre les rayonnements UV. De quoi en convaincre plus d’un.
Le chanvre, un enjeu environnemental !
Retenons ici quelques raisons qui font de l’utilisation du chanvre industriel, un enjeu mondial pour la transition écologique.
• La culture du chanvre nécessite très peu d’eau, peu d’engrais et de pesticides. Le chanvre est résistant et n’a besoin que de très peu d’entretien.
• La culture du chanvre permet de réduire l’effet de serre. Elle absorbe le CO2 pour le transformer en oxygène. Il est d’ailleurs connu pour nettoyer la pollution des sols.
• Il se cultive localement
• Comme il est résistant et biodégradable, il permet de réduire considérablement la production de déchets.
Et si nous parlions de l’impact environnemental de l’industrie pétrochimique !
Le constat mondial actuel est déplorable. Les mers et océans sont devenus une décharge, au point que l’on nomme tristement ce tas de déchets plastique, le 7e continent. Il va sans dire que la biodiversité, comme la survie des écosystèmes, est en péril.
Le bioplastique de chanvre lui prend 3 à 6 mois pour se décomposer, il peut être recyclé plusieurs fois, ce qui fait de lui un bienfaiteur indiscutable pour l’avenir de la planète.
Les combustibles fossiles sont une véritable source de dioxyde de carbone. Or, ce composant entraîne le changement climatique. La production de chanvre industriel, par le fait qu’il absorbe en masse le CO2,
permet que les terres agricoles soient cultivées à répétitions.
Concernant le critère « qualité » du chanvre
Il y a de vrais avantages à considérer sérieusement l’utilisation de cette matière première.
En plus d’avoir un excellent rendement, le chanvre récolte les médailles sur ses qualités techniques. C’est un produit naturel, léger, souple et robuste, qui ne présente pas de caractère toxique ou agressif, il pollue peu et contribue au contraire à la restauration de l’équilibre de la biodiversité. Que demander de plus ?
Où en est la France ?
Malgré toutes les restrictions sur les produits dérivés du cannabis et de leur consommation, la France reste néanmoins, le deuxième producteur mondial de cannabis industriel.
La culture de cette plante a pourtant connu des heures de gloire au XIX siècle, puisque l’on y cultivait jusqu’à 170 000 hectares de chanvre. Laissée dans l’oubli jusque-là, elle semble retrouver de sa superbe.
On peut compter aujourd’hui 8000 hectares de cultures, dont près de 5000 se font en Champagne-Ardenne. Le chanvre est aussi cultivé en Normandie, en Île-de-France, en Bourgogne, dans l’Aube, la Manche et les Pays de la Loire.
La France n’est pas le meilleur élève en terme d’écologie, cependant des choses se mettent en place. En 2017, le gouvernement a mis en place la loi pour l’interdiction des sacs en plastique à usage unique.
La loi du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire prévoit que les plastiques à usage unique soient interdits, d’ici 2040.
Géochanvre a réussi son pari
Quelques acteurs du chanvre sortent du lot en France. C’est notamment le cas de la société Géochanvre implantée au cœur de l’Yonne qui, par un procédé simple consistant à lier des fibres végétales par projection d’eau sous haute pression, fabrique des produits de substitution au plastique.
Géochanvre est une entreprise née de la volonté d’un homme, Frédéric Roure, de trouver des alternatives écologiques, éthiques et économiques aux produits pétro-sourcés et en fibres importées.
Grâce à une technologie qui a été brevetée, le procédé d’hydroliage, Géochanvre fabrique des toiles 100 % biodégradables et compostables.
Ces toiles en fibres naturelles de chanvre viennent en remplacement des toiles de paillage en plastique que l’on trouve habituellement dans les champs cultivés pour empêcher la pousse des mauvaises herbes et favoriser la croissance des plants. Ces toiles naturelles, sont destinées au désherbage des plantations et elles ont la particularité de nourrir les sols en se dégradant.
Géochanvre est une entreprise réactive et dans l’air du temps, puisqu’en 2021, afin de ralentir le fléau des masques jetés par terre, elle a conçu le 1er masque grand public écologique et éthique. Il est biocompostable, c’est-à-dire qu’après l’utilisation, vous pouvez le mettre dans un pot de fleurs et il se décomposera naturellement. Cette entreprise est un exemple industriel de réactivité et d’innovation responsable, puisqu’en effet plus de 2 millions de masques ont déjà été vendus.
Des produits certifiés « Origine France Garantie », fabriqués en Bourgogne, plébiscités en France et à l’étranger, une entreprise industrielle qui prouve que l’on peut grandir en faisant progresser le Monde.
Quid du chanvre dans un futur proche ?
Ce n’est pas étonnant que le chanvre soit de plus en plus utilisé dans la vie de tous les jours et que la demande en bioplastique ne cesse d’augmenter. La culture du chanvre couvre tant de domaines d’utilisation ! On s’en sert dans la fabrication de bouteilles, de sacs, de textile, de produits de beauté, de voitures et bien d’autres choses encore. Ceci dans l’objectif de remplacer tous les produits polluants, de faire du bien à la planète et à ses habitants.
L’idée donc, d’instaurer l’utilisation du chanvre comme alternative naturelle au plastique et autres composants, offre de belles perspectives. Cependant, la réalité est toute différente puisqu’aujourd’hui, les sociétés de recyclage ne sont pas équipées pour différencier les bioplastiques qui sont biosourcés, biodégradables ou les deux, d’autres déchets. Mais face à cette urgence écologique, il est évident que nous devons réagir. Les mentalités évoluent doucement, mais la prise de conscience est là.
Nous pouvons quand même nous réjouir, car on sait maintenant, qu’il existe des alternatives naturelles efficaces, et beaucoup moins impactantes sur l’environnement.
Cependant, ne devons-nous pas nous demander si la réelle solution ne serait pas de commencer à revoir nos modes de consommation ? Comme par exemple, nous éduquer à la méthode « zéro déchet ».
Quand Ford carburait au chanvre
Dans les années 1930, Henry Ford avait mis ses ingénieurs au défi de développer une voiture 100 % naturelle. Et c’est en 1941 que fut présentée la Hemp Body Car, la première voiture à carrosserie de chanvre (réalisée à partir de farine de soja et de fibres de chanvre) et qui carbure à l’éthanol de chanvre. Puis la guerre est passée par là et a laissé l’utilisation de ressources renouvelables dans le domaine de l’utopie. Depuis, certaines grandes marques automobiles comme BMW, Mercedes ou Bugatti ont réactualisé le procédé, en élargissant un peu plus son utilisation, notamment dans le domaine de l’équipement intérieur et de l’isolation des panneaux de portes.
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